Je ne vais pas parler de ce temps où choisir un métier ne faisait pas partie des options. Le métier s’imposait, soit par tradition familiale, soit par nécessité.
Non, je vais parler de notre époque, où le choix de sa voie professionnelle est désormais possible mais intervient de plus en plus tôt, nous enfermant souvent, malheureusement, dans une case dont on n’arrive pas à sortir.
Et que se passe-t-il si nous essayons de bifurquer tout simplement parce que nous avons envie de trouver un métier dans lequel nous nous épanouissons ? Nous sommes confrontés à une société qui nous dit que nous sommes déjà chanceux si nous avons un travail et encore plus chanceux si nous gagnons un salaire correct. N’avez-vous jamais entendu des mots accusateurs ou simplement senti que l’on vous jugeait parce que vous recherchiez le bien-être au travail et non juste une rémunération ?
En tout cas, moi j’ai souvent culpabilisé. Bon il faut dire que je suis du genre à culpabiliser pour beaucoup de choses…J’ai culpabilisé d’avoir un travail intéressant, bien rémunéré et d’être pourtant malheureuse. J’étais en décalage avec mes collègues. Je ne les sentais pas particulièrement heureux, mais satisfaits de leur sort. Ils ne se posaient pas les questions existentielles qui tournaient en boucle dans ma tête. J’avais beau utiliser la méthode Coué, je ne cessais de me dire que je passais à côté de ma vie. L’expression même de « gagner sa vie » me hérissait le poil ! Gagner un salaire oui ! Mais gagner sa vie non ! D’autant que j’avais surtout l’impression de la perdre à petit feu…
J’ai donc changé très souvent de métier ! J’étais dans une sorte de quête permanente. Puisque je n’avais pas eu la chance d’être bien orientée étant jeune. J’ai choisi mes études et mon métier un peu par élimination. J’ai fait un Bac économique parce que je n’étais pas assez bonne en sciences, j’ai choisi des études d’économie parce que c’était un peu la suite logique de mon bac, j’ai choisi le marketing parce que rien d’autre ne me plaisait…
A chaque fois que j’ai changé de métier, mon entourage a essayé de me décourager en me projetant ses propres peurs. Tu es sûre ? Tu as un travail bien payé. Tu n’es pas raisonnable. Que veux-tu de plus ? L’herbe n’est pas plus verte ailleurs ! (Je suis sûre que celle-ci vous l’avez déjà entendue, non ?). Tu ne retrouveras pas un travail aussi bien payé !
Comment ne pas se sentir « merdeuse » avec ce flot de mots « d’adultes raisonnables ». Et si j’avais envie de vibrer voire de m’amuser tout en travaillant ? Si j’avais envie de me sentir à ma place ? N’en avais-je pas le droit sous prétexte qu’il fallait être sérieuse et responsable ? Et d’ailleurs pourquoi est-ce que tout cela ne pouvait pas cohabiter ?
Vous êtes-vous senti un jour comme moi ? Tiraillé entre votre côté raisonnable et votre partie « enfant » qui veut remettre du plaisir dans son quotidien ?
Dans tous les cas, pour ma part, trouver ma voie professionnelle n’a jamais été un caprice. C’était une nécessité ! Cet objectif a même été le grand sujet de ma vie, au point d’en faire mon métier et de contrebalancer une société un peu trop castratrice !
Je souhaite à tout le monde de trouver la voie qui lui correspond. Se lever tous les matins en étant léger et heureux d’aller travailler n’est pas la quête d’un enfant gâté. C’est la quête d’un adulte qui se respecte.