Le Syndrome de l’imposteur : et si ce malaise que vous ressentez avait enfin un nom ?

Introduction

Il y a des jours où, malgré les compliments, les réussites, les diplômes ou les responsabilités que vous avez accumulés… quelque chose sonne faux.
Un doute s’installe, parfois discret, parfois écrasant :
“Et si j’avais juste eu de la chance ?”
“Un jour, ils vont se rendre compte que je ne suis pas à la hauteur.”
“Je ne suis pas aussi compétent·e qu’ils le pensent…”

Si vous vous êtes déjà dit ça, ou ressenti ça, vous n’êtes pas bizarre.
Vous êtes humain·e.
Et surtout : vous n’êtes pas seul·e.

Ce que vous vivez porte un nom : le syndrome de l’imposteur.

On en parle de plus en plus — et pour cause. Il concerne des millions de personnes, souvent brillantes, consciencieuses, exigeantes envers elles-mêmes… mais souvent incapables de s’autoriser à croire qu’elles méritent leur place.

 

  • Cet article est pour vous si :

    • Vous avez l’impression de “jouer un rôle”, au travail ou ailleurs.

    • Vous doutez de votre légitimité, même en réussissant.

    • Vous sentez que ce syndrome vous freine, dans vos projets ou vos élans.

    Prenons le temps d’explorer ensemble ce phénomène : ce qu’il est, pourquoi il existe, comment il fonctionne, et surtout… comment on peut s’en libérer.

    tout : des ajustements qui comptent

1. C’est quoi, exactement, ce fameux syndrome de l’imposteur ?

Le terme a été introduit à la fin des années 70 par deux psychologues, Pauline Clance et Suzanne Imes. Elles ont observé un phénomène paradoxal chez certaines femmes très compétentes : malgré leurs succès évidents, elles se sentaient comme des fraudeuses, persuadées de ne pas mériter leur place.

Elles attribuaient leurs réussites à la chance, à la bienveillance des autres, ou à des efforts démesurés — mais jamais à leur valeur réelle.

Aujourd’hui, on sait que ce syndrome ne concerne pas uniquement les femmes, ni seulement les “hauts potentiels”. Il peut toucher tout le monde, à tout âge, et surgit souvent dans des contextes de forte évaluation : le travail, les études, les reconversions, les promotions…

Il ne s’agit pas d’un trouble psychologique. Ce n’est pas une maladie.
C’est un mécanisme intérieur : un écart douloureux entre ce que vous vivez et ce que vous ressentez.
Un filtre mental qui vous empêche de vous approprier vos réussites.

2. À quel point est-ce fréquent ?

“Même quand on a l’impression de ne pas être légitime, on peut quand même agir, parler, créer. Le doute n’a pas à être un frein.”
– Elizabeth Gilbert, autrice

C’est bien plus courant que vous ne l’imaginez.
Les études montrent que 70 % des personnes vivront, au moins une fois dans leur vie, des épisodes marqués du syndrome de l’imposteur.

Sept sur dix.

Dans une réunion de dix personnes, vous n’êtes probablement pas seul·e à ressentir ce malaise intérieur.

Et ce chiffre monte encore dans certains milieux :

  • Les étudiants et jeunes diplômés, confrontés à un monde du travail qui exige de la confiance immédiate.

  • Les femmes, en particulier dans des environnements où leur légitimité est encore questionnée.

  • Les personnes issues de minorités ou “premières de leur famille” à accéder à certains postes.

  • Les personnes en reconversion, qui doutent d’être “autorisées” à se réinventer.

Et cela peut toucher même les plus expérimentés.
Des chercheurs, des artistes renommés, des dirigeants, des enseignants, des thérapeutes.
Beaucoup vivent ce décalage douloureux entre l’extérieur et l’intérieur.

Le plus troublant, c’est que chacun le vit en silence, convaincu d’être le seul.

3. Comment ça se manifeste au quotidien ?

Le syndrome de l’imposteur ne se voit pas toujours.
Certaines personnes semblent confiantes, brillantes, affirmées… et pourtant, intérieurement, elles se débattent avec le doute. Voici les signes les plus fréquents :

Auto-sabotage

Vous rêvez d’un nouveau poste, d’un projet ambitieux, mais vous procrastinez. Vous évitez l’action, vous vous dites que ce n’est pas pour vous. Par peur d’échouer, vous préférez ne pas essayer.

Perfectionnisme extrême

Vous avez besoin que tout soit irréprochable. Vous recommencez, vous relisez, vous préparez… jusqu’à l’épuisement. Si ce n’est pas parfait, vous croyez que c’est nul.

Angoisse du succès

Un compliment ? Vous le rejetez. Une réussite ? Vous la minimisez. Vous vous dites : “La prochaine fois, ça ne passera pas.” Vous n’intégrez jamais vos succès.

Refus de la reconnaissance

“Ce n’est rien”, “J’ai eu de la chance”, “C’est l’équipe.” Vous refusez de recevoir la gratitude ou les compliments. Vous vous effacez même quand vous avez joué un rôle central.

Sentiment de faire semblant

Peu importe votre expérience, vous avez le sentiment d’avoir trompé tout le monde. Comme si, un jour, quelqu’un allait “découvrir la supercherie”.

4. Le mécanisme psychologique derrière le syndrome

Ce n’est pas juste un petit manque de confiance.
Le syndrome de l’imposteur repose sur un décalage intérieur chronique entre :

  • Ce que les autres perçoivent de vous,

  • Et ce que vous ressentez en vous.

Vous avez l’impression de porter un masque, et qu’il faut travailler deux fois plus pour le maintenir.

C’est un cercle vicieux :

  1. Vous réussissez.
  2. Vous ne vous en attribuez pas le mérite.
  3. Vous redoutez de devoir “confirmer” cette réussite.
  4. Vous compensez en vous sur-adaptant ou en vous taisant.
  5. Vous ne vous sentez toujours pas légitime… et recommencez.

Mais ce n’est pas arrivé par hasard.

Des racines souvent anciennes :

  • Une éducation valorisant uniquement les résultats.

  • Un amour perçu comme conditionnel : “Sois sage”, “Sois performante.”

  • Une culture du mérite, de la modestie, du “pas de vagues”.

  • Une enfance où vous avez dû “tenir bon”, “ne pas déranger”.

Le syndrome de l’imposteur est une stratégie d’adaptation.
Un réflexe de survie.
Il ne dit pas qui vous êtes… mais comment vous avez appris à vous protéger.

5. Les facteurs qui l’entretiennent ou l’aggravent

Même si ses racines sont profondes, ce syndrome est aussi nourri par l’environnement. Certains contextes professionnels ou sociaux sont de véritables accélérateurs.

L’éducation

“Tu peux mieux faire”, “Ne te vante pas”, “Sois modeste.” Ces phrases banales peuvent créer un conditionnement où la réussite est banalisée et l’échec dramatique.

La culture de la performance

Dans de nombreuses entreprises, seule la rentabilité est valorisée. La progression, l’humain, l’effort invisible… passent à la trappe.

Les stéréotypes sociaux

Quand vous ne correspondez pas au “profil type” attendu — femme dans un monde d’hommes, racisé·e dans un environnement homogène, atypique dans une entreprise classique — le doute peut s’amplifier.

Les transitions

Chaque étape nouvelle (prise de poste, reconversion, indépendance…) peut réactiver le syndrome. Il surgit là où vous sortez de votre zone de confort.

6. Les visages du syndrome de l’imposteur : lequel est le vôtre ?

Le syndrome peut prendre plusieurs formes. Valerie Young en distingue cinq profils, mais d’autres nuances existent, comme ces visages fréquemment rencontrés en accompagnement :

Le perfectionniste

Jamais satisfait, il veut tout contrôler. Il repousse sans cesse ses livrables, pense que rien n’est jamais assez.

Le procrastinateur

“Si je ne commence pas, je ne peux pas échouer.” Il remet à plus tard pour fuir le jugement.

L’expert compulsif

Il accumule diplômes et formations, mais doute toujours de sa légitimité.

Le sur-performant

Il travaille deux fois plus que les autres… mais ne se sent jamais “assez”.

Le discret

Il reste en retrait, refuse la visibilité, par peur d’être jugé.

Le modeste absolu

Il s’auto-dénigre pour “prendre les devants” face à une éventuelle critique.

L’hypersensible au regard des autres

Il vit au rythme de la validation extérieure. Sans feedback positif, il s’effondre intérieurement.

Se reconnaître, ce n’est pas s’étiqueter.
C’est mettre en lumière les stratégies inconscientes qui nous ont permis d’avancer… mais qui nous freinent aujourd’hui.

7. Quelles stratégies concrètes pour s’en sortir ?

Vous n’avez pas à “guérir” du syndrome de l’imposteur.
Mais vous pouvez apprendre à ne plus le laisser gouverner votre vie.

Voici des pistes puissantes, à la fois concrètes et profondes :

Identifier la croyance racine

“Je ne suis pas assez.” Ce petit poison intérieur. Interrogez-le. À quel moment avez-vous commencé à croire cela ?

Travailler avec votre enfant intérieur

Cette voix du doute vient souvent d’une part blessée. Offrez-lui ce qu’elle n’a pas reçu : validation, tendresse, permission d’exister.

Déconstruire les identités figées

“La brillante”, “la forte”, “la gentille”… Et si vous n’étiez pas que ce rôle ? Et si vous aviez le droit d’être multiple, changeante, humaine ?

Revenir à une identité inconditionnelle

Vous êtes valable même quand vous ratez. Légitime, même sans approbation. Vous avez de la valeur… même sans prouver.

Passer à l’action, malgré l’inconfort

Ce qu’on évite grandit. Chaque petit pas — une prise de parole, une candidature — est une victoire contre l’imposteur.

Tenir un carnet de preuves

Vos réussites ne sont pas anecdotiques. Notez-les. Conservez les retours positifs. Ancrez vos progrès.

En parler

Le silence nourrit la honte. En parler, c’est ouvrir une brèche. Et dans cette brèche, la lumière revient.

8. Le syndrome de l’imposteur en reconversion : un invité très fréquent

Changer de voie, c’est excitant… et vertigineux.
Le syndrome de l’imposteur adore ce terrain instable.

“Mais pour qui je me prends ?”

En reconversion, on sort du connu. On n’est plus l’expert·e. Et le doute surgit : suis-je légitime ici ?

“Si c’était vraiment fait pour moi, je serais déjà bon·ne…”

Faux. On a le droit d’apprendre, de douter, de construire sa légitimité pas à pas.

“Les autres sont bien meilleurs”

Oui, mais vous comparez leur vitrine à vos coulisses.

Le syndrome ne disparaît pas en reconversion.
Mais on peut avancer avec lui, en refusant qu’il nous bloque.

Conclusion

Une autre manière de se voir

Et si ce syndrome n’était pas un problème à éliminer…
Mais une invitation à vous rencontrer autrement ?

Il ne dit pas : “Tu es une fraude.”
Il dit : “Tu changes. Tu te transformes.”
Il signale un passage. Une évolution. Un besoin de réalignement.

Ce que vous vivez n’est pas une honte. C’est un signal de vie.
Un appel à reprendre votre pouvoir intérieur, à vous autoriser à être pleinement vous-même.

Vous n’avez rien à prouver. Rien à mériter.
Votre valeur est là. Entière. Déjà.

Et maintenant ?

Vous n’allez peut-être pas faire taire la petite voix critique du jour au lendemain.
Mais vous pouvez apprendre à l’écouter autrement.
À ne plus vous identifier à elle.

Et si un jour, elle revient vous murmurer :
“Tu bluffes. Tu n’es pas à ta place.”
Souvenez-vous : ce n’est pas la vérité.
C’est une vieille peur.
Et vous n’êtes plus obligé·e de la croire.

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